Réédition d'une nouvelle en quatre chapitres, parue initialement en 2002.
Son dernier menu avait été un vrai régal, le gourmet qu’il était en aurait mis sa main au feu. Mais Bernard n’était pas encore satisfait : il était gravement blessé et son état de santé l’avait empêché d’utiliser toutes ses compétences de grand chef. Son repas avait été certes très bon, mais pas parfait. Soudain il se retourna et fut assailli par une nuée de chauve-souris. Il se jeta sur le sol carrelé, se cassa un bras dans l’action, et rampa jusqu’à l’abri de fortune que constituait la table de sa cuisine. Les chauve-souris ne pouvaient plus le repérer : la table était opaque à leurs faisceaux d’ultrasons. Ayant perdu leur proie, elles s’enfuirent par la bouche d’aération. Bernard attendit quelques minutes, immobile, puis risqua un œil en dehors de son abri. Les monstres de sang étaient tous partis, et il régnait dans la pièce un silence macabre. Bernard se releva, quand soudain il poussa un cri : les chauves-souris lui avaient laissé un signe, le mot « couscous » était inscrit en lettres de sang sur la porte du réfrigérateur. Bernard se concentra : que pouvait bien signifier ce mystérieux augure ? Il se rua sur son petit Larousse, qu’il avait gagné en 1972 à un concours d’orthographe. Il tomba immédiatement sur le mystérieux mot : « couscous : n.m. plat à base de semoule cuite souvent accompagnée de légumes ou de merguez ou de poulet. Ex. : « J’ai mangé du couscous. C’était bon. » » Il lisait la définition à voix basse lorsque son regard fut capté par l’illustration associée : une petite photo en noir en blanc, sur laquelle on distinguait une assiette remplie de minuscules grains clairs, le tout surmonté d’un amoncellement de légumes en morceaux.
Soudain il comprit : il devait préparer du couscous, les dieux en avaient voulu ainsi. Mais tout à coup il se réveilla : les chauves-souris, le couscous… tout ceci n’était qu’un mauvais rêve. Il passa une main sur son front fiévreux et sentit une plaie à peine cicatrisée. Les souvenirs le submergèrent : le choc thermique, la chute fatale puis la préparation de son menu purée-riz… il se souvenait de tout. Il s’était endormi après avoir avalé la dernière bouchée de purée, avait fait cet horrible cauchemar, et s’était réveillé, la gorge sèche. Soudain il repensa à son accident de l’automne 82 : cette mésaventure lui resterait à jamais en travers de la gorge (sèche). Si seulement il avait été plus attentif ce jour-là… les larmes commencèrent à couler le long de ses joues. De colère, il serra les poings, et laissa soudain éclater son courroux : il sortit une casserole, mit de l’eau à bouillir, y plongea une poignée de spaghettis. Il allait utiliser sa botte secrète, celle qu’il appelait « le menu suprême » ! Spaghettis à la bolognaise en étaient le plat de résistance, et le dessert était constitué de pommes. La presse spécialisée l’avait maintes fois ovationné pour ce menu parfait et aujourd’hui dans un accès de colère et de soif de revanche, il allait à nouveau le réaliser.
Soudain il comprit : il devait préparer du couscous, les dieux en avaient voulu ainsi. Mais tout à coup il se réveilla : les chauves-souris, le couscous… tout ceci n’était qu’un mauvais rêve. Il passa une main sur son front fiévreux et sentit une plaie à peine cicatrisée. Les souvenirs le submergèrent : le choc thermique, la chute fatale puis la préparation de son menu purée-riz… il se souvenait de tout. Il s’était endormi après avoir avalé la dernière bouchée de purée, avait fait cet horrible cauchemar, et s’était réveillé, la gorge sèche. Soudain il repensa à son accident de l’automne 82 : cette mésaventure lui resterait à jamais en travers de la gorge (sèche). Si seulement il avait été plus attentif ce jour-là… les larmes commencèrent à couler le long de ses joues. De colère, il serra les poings, et laissa soudain éclater son courroux : il sortit une casserole, mit de l’eau à bouillir, y plongea une poignée de spaghettis. Il allait utiliser sa botte secrète, celle qu’il appelait « le menu suprême » ! Spaghettis à la bolognaise en étaient le plat de résistance, et le dessert était constitué de pommes. La presse spécialisée l’avait maintes fois ovationné pour ce menu parfait et aujourd’hui dans un accès de colère et de soif de revanche, il allait à nouveau le réaliser.
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2 commentaires:
Quel suspense, je n'y tiens plus.
Ca tombe bien, car maintenant tu peux lire le chapitre 4.
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